
La majorité des protocoles de désinfection sont inefficaces non pas par manque d’effort, mais par un défaut de stratégie : ils ignorent le principe épidémiologique des 80/20, concentrant les ressources sur des zones à faible risque.
- Le non-respect du temps de contact (dwell time) des désinfectants rend l’opération chimiquement inutile, même avec le bon produit.
- Les surfaces « relais » critiques, comme les terminaux Interac et les poignées de portes communes, sont souvent les principaux vecteurs de transmission et requièrent une attention prioritaire.
Recommandation : Auditer systématiquement les parcours des usagers pour créer une matrice de risque est la seule méthode pour concentrer les efforts de désinfection là où ils peuvent réellement rompre la chaîne de transmission.
En tant que responsable de l’hygiène, vous orchestrez quotidiennement une bataille invisible contre les agents pathogènes. Vos équipes travaillent avec diligence, les produits sont en stock, et pourtant, à chaque saison grippale, l’absentéisme grimpe. La frustration est palpable : malgré les efforts, la chaîne de transmission ne semble jamais vraiment rompue. L’approche conventionnelle, souvent résumée à « nettoyer plus et partout », atteint rapidement ses limites opérationnelles et financières. Elle disperse les ressources et génère un faux sentiment de sécurité.
La plupart des stratégies se concentrent sur le « quoi » nettoyer, en oubliant le « comment » et, surtout, le « pourquoi ». Elles échouent à hiérarchiser le risque. Mais si la véritable clé n’était pas l’omniprésence du nettoyage, mais sa précision chirurgicale ? Si, en adoptant le regard d’un épidémiologiste de terrain, vous pouviez identifier les 20% de surfaces qui agissent comme de véritables autoroutes pour 80% des contaminations ? C’est le principe de la désinfection ciblée : une méthode basée sur l’analyse des risques et non sur l’intuition.
Cet article n’est pas une simple checklist. C’est un changement de paradigme. Nous allons déconstruire les erreurs courantes qui sabotent vos efforts et vous fournir un cadre méthodologique pour transformer votre protocole de désinfection. Vous apprendrez à identifier les vecteurs de transmission critiques, à utiliser les produits selon les règles de l’art scientifique et à valider que vos outils sont bien des armes efficaces, et non de la poudre aux yeux. L’objectif est de passer d’une désinfection de masse à une intervention de précision, pour des résultats mesurables et une protection réelle de vos occupants.
Pour vous guider dans cette démarche stratégique, cet article est structuré pour répondre aux questions opérationnelles les plus critiques. Chaque section aborde une facette précise de la désinfection ciblée, de l’identification des points chauds à la validation de vos produits, en s’appuyant sur les directives et les données des autorités de santé canadiennes.
Sommaire : Le guide de désinfection stratégique pour les locaux professionnels
- Poignées, boutons, rampes : avez-vous oublié de désinfecter la machine à interac ?
- Pourquoi vaporiser et essuyer immédiatement rend votre désinfectant totalement inutile ?
- À quelle fréquence désinfecter les boutons d’ascenseur dans une tour de 500 employés ?
- L’erreur d’utiliser de l’eau de Javel sur des écrans tactiles ou de l’inox
- Nébulisation ou manuel : quelle méthode pour désinfecter un autobus ou un vestiaire rapidement ?
- À quelle fréquence décontaminer les zones à haut risque en période de grippe ?
- Lumière UV : est-ce une solution d’avenir pour la désinfection sans contact des bureaux ?
- Comment distinguer un nettoyant d’un désinfectant virucide approuvé pour la COVID ou la grippe ?
Poignées, boutons, rampes : avez-vous oublié de désinfecter la machine à interac ?
Le principe de Pareto, ou la loi des 80/20, s’applique de manière frappante à la transmission des infections en milieu professionnel. Une minorité de surfaces concentre la majorité des contacts manuels et devient ainsi le principal vecteur de transmission. Des analyses menées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) confirment que les poignées de porte, boutons d’ascenseur et rampes représentent 80% des contacts dans un immeuble de bureaux standard. Ignorer ou sous-estimer ces points chauds revient à laisser une porte grande ouverte à la contamination.
Cependant, une analyse générique ne suffit pas. Chaque environnement possède ses propres points de contact critiques, souvent négligés. Au Canada, des surfaces comme les terminaux de paiement Interac ou Moneris dans un commerce, les bornes de transport Presto en Ontario ou Opus au Québec, ou encore les boutons des machines à café partagées dans les bureaux, sont des « surfaces relais » à très haute fréquence. Un seul employé malade peut y déposer une charge virale qui sera ensuite transférée à des dizaines d’autres personnes en quelques heures. La désinfection de ces points n’est pas une option, c’est une priorité absolue.
L’identification de ces 20% de surfaces critiques ne peut reposer sur l’intuition. Elle exige une méthodologie d’audit rigoureuse, basée sur l’observation des parcours réels des usagers : employés, clients ou étudiants. Il s’agit de cartographier littéralement les flux de personnes et d’identifier chaque interaction main-surface, de l’entrée du bâtiment jusqu’au poste de travail ou à la salle de classe. C’est ce travail d’analyse qui permet de construire une matrice de risque et de prioriser les interventions là où elles auront un impact maximal.
Plan d’action : Identifier vos 20% de surfaces critiques
- Tracer les parcours : Suivez le cheminement type d’un employé ou client, de l’entrée à sa destination finale. Notez chaque surface touchée (portes, tourniquets, boutons d’ascenseur, rampes, machines à café, terminaux de paiement).
- Quantifier la fréquence : Estimez le nombre de contacts par jour pour chaque surface identifiée (nombre de personnes x contacts moyens par personne). Cela permet de distinguer une poignée de bureau privé (faible risque) d’une rampe d’escalier principale (haut risque).
- Identifier les relais spécifiques : Listez les surfaces uniques à votre environnement canadien qui agissent comme des concentrateurs de contacts : terminaux Interac/Moneris, bornes Presto/Opus, fontaines à eau, etc.
- Créer une matrice de priorisation : Classez les surfaces sur une échelle de risque (faible, moyen, élevé) en croisant la fréquence de contact et le type d’usager (public, personnel, etc.). Les surfaces « élevées » constituent vos 20% prioritaires.
- Adapter le protocole : Établissez une fréquence de désinfection spécifique pour chaque niveau de risque. Les zones à risque élevé nécessiteront une attention beaucoup plus fréquente que les zones à faible risque.
Pourquoi vaporiser et essuyer immédiatement rend votre désinfectant totalement inutile ?
C’est l’une des erreurs les plus communes et les plus critiques en matière de désinfection : l’ignorance du temps de contact, ou « dwell time ». Un désinfectant n’est pas une baguette magique. C’est un produit chimique qui a besoin d’un temps spécifique pour pénétrer la membrane des virus et des bactéries et les inactiver. Vaporiser une surface et l’essuyer immédiatement revient à retirer l’agent actif avant qu’il n’ait eu le temps d’agir. Sur le plan microbiologique, cette action est souvent équivalente à un simple nettoyage à l’eau. La surface peut paraître propre, mais la charge virale de surface reste intacte.
Chaque désinfectant homologué au Canada possède un temps de contact qui lui est propre, indiqué sur son étiquette et validé par Santé Canada. Ce temps peut varier de 30 secondes pour certains peroxydes d’hydrogène accélérés à plus de 5 minutes pour certains ammoniums quaternaires. Le non-respect de cette instruction est une rupture de protocole fondamentale qui annule l’efficacité virucide du produit et gaspille les ressources humaines et matérielles engagées.

Intégrer le temps de contact dans les routines n’est pas synonyme de perte de temps, mais d’optimisation des flux de travail. L’exemple d’un hôtel à Banff, confronté à la nécessité d’une rotation rapide et sûre des chambres, est éclairant.
Étude de cas : Protocole optimisé de désinfection d’une chambre d’hôtel à Banff
Un hôtel a réduit de 40% son temps d’entretien en appliquant une méthode en 2 temps : le personnel vaporisait toutes les surfaces à haut contact (poignées, interrupteurs, télécommandes) en entrant dans la chambre, puis effectuait les autres tâches de nettoyage (changement des draps, vidage des poubelles) pendant le temps de contact requis de 5 minutes. L’essuyage final des surfaces n’intervenait qu’à la fin de ce délai. Cette approche garantit l’efficacité du désinfectant tout en optimisant le flux de travail, prouvant que sécurité et efficacité ne sont pas opposées.
Le choix du désinfectant doit donc aussi prendre en compte ce paramètre opérationnel. Un produit avec un temps de contact de 30 secondes sera plus adapté à une zone à très fort trafic (comme un comptoir d’accueil) qu’un produit nécessitant 5 minutes. La sélection du bon agent chimique est un arbitrage entre efficacité virucide et contraintes de terrain.
Le tableau suivant, basé sur les données de Santé Canada, illustre les temps de contact typiques pour les principaux types de désinfectants homologués au Canada. Il est essentiel de toujours vérifier l’étiquette du produit spécifique que vous utilisez.
| Type de désinfectant | Temps de contact minimum | Efficacité virucide | Impact sur coût main-d’œuvre |
|---|---|---|---|
| Peroxyde d’hydrogène accéléré (AHP) | 30-60 secondes | 99.9% | Faible – rotation rapide |
| Ammoniums quaternaires | 1-5 minutes | 99% | Moyen – attente modérée |
| Hypochlorite de sodium (Javel) | 1 minute | 99.9% | Faible – mais rinçage requis |
| Alcool 70% | 30 secondes | 95% | Très faible – séchage rapide |
À quelle fréquence désinfecter les boutons d’ascenseur dans une tour de 500 employés ?
La question de la fréquence est au cœur de l’optimisation des ressources. Désinfecter trop souvent est un gaspillage, ne pas le faire assez est une faille de sécurité. La réponse n’est pas fixe ; elle est dynamique et doit être calculée en fonction de deux variables principales : le trafic (nombre de contacts) et le niveau de risque épidémiologique ambiant. Une formule statique est une erreur. Par exemple, en période de faible circulation virale, une fréquence modérée peut suffire.
Cependant, le scénario change radicalement en période d’alerte. En cas de saison grippale active ou d’autre flambée de maladie respiratoire, les directives de l’Agence de la santé publique du Canada sont claires. Pour les surfaces à très haut contact dans des environnements denses comme les immeubles de bureaux, Santé Canada recommande une désinfection toutes les 2 à 4 heures. Cette augmentation vise à briser la chaîne de transmission en réduisant la fenêtre de temps pendant laquelle le virus peut survivre sur une surface et être transmis.
Pour un cas concret comme une tour de 500 employés, on peut établir une fréquence de base et l’ajuster. Un calcul simple permet d’objectiver la décision :
- Calcul du trafic quotidien : 500 employés effectuant en moyenne 4 trajets en ascenseur par jour (arrivée, déjeuner aller-retour, départ) représentent 2000 contacts potentiels sur les boutons.
- Détermination d’un seuil de risque : On peut arbitrairement fixer un seuil, par exemple une désinfection pour chaque tranche de 100 contacts. Ce seuil est un choix de gestion du risque propre à l’organisation.
- Calcul de la fréquence de base : 2000 contacts / 100 = 20 désinfections par journée de travail.
- Répartition sur les heures d’ouverture : Pour une journée de 12 heures (8h-20h), cela équivaut à une désinfection toutes les 36 minutes. Cette fréquence doit être concentrée sur les heures de pointe (matin, midi, soir).
Cette fréquence de base doit ensuite être modulée selon les alertes sanitaires émises par les autorités de santé publique provinciales ou fédérales. Par exemple, un protocole pourrait prévoir de multiplier la fréquence par 1.5 en période de grippe saisonnière et par 2 en cas d’alerte pandémique déclarée. Cela transforme le protocole de nettoyage en un instrument de réponse sanitaire adaptatif.
L’erreur d’utiliser de l’eau de Javel sur des écrans tactiles ou de l’inox
Le choix d’un désinfectant ne se limite pas à son efficacité virucide. Sa compatibilité avec la surface à traiter est tout aussi cruciale. Utiliser le mauvais produit chimique peut causer des dommages irréversibles, dégrader les matériaux et, paradoxalement, compromettre l’hygiène à long terme. L’un des exemples les plus flagrants est l’utilisation d’eau de Javel (hypochlorite de sodium) sur l’acier inoxydable, une pratique encore trop répandue dans certaines cuisines commerciales ou installations sanitaires.
Bien que l’eau de Javel soit un désinfectant puissant, sa nature corrosive attaque l’inox. Ce point est souligné avec force par les experts en santé publique.
L’utilisation inappropriée de l’eau de Javel sur l’acier inoxydable crée des microfissures qui deviennent des refuges pour les bactéries, rendant paradoxalement la désinfection future plus difficile.
– Dr. Marie-Claude Roy, Institut national de santé publique du Québec – Guide de désinfection des surfaces 2024
Ces microfissures, invisibles à l’œil nu, forment un biofilm où les pathogènes peuvent proliférer à l’abri des désinfections ultérieures. Le même problème se pose avec les écrans tactiles des tablettes, bornes interactives ou téléphones. Les désinfectants agressifs comme l’eau de Javel ou les produits à base d’ammoniac détruisent le revêtement oléophobe de l’écran, le rendant plus sensible aux traces de doigts et plus difficile à nettoyer et à désinfecter efficacement. Chaque surface a son ennemi chimique : l’alcool sur le plexiglas peut le faire craqueler, et les produits acides peuvent endommager le scellant du granit.
La seule approche sécuritaire est de se référer à une matrice de compatibilité et de toujours suivre les recommandations du fabricant de l’équipement. En l’absence d’instructions claires, il faut opter pour les désinfectants les moins agressifs et les plus universels, comme les solutions à base de peroxyde d’hydrogène accéléré (AHP) ou d’alcool isopropylique à 70% pour les appareils électroniques.
La matrice suivante, compilée à partir des recommandations de Santé Canada, offre un guide rapide pour éviter les erreurs les plus coûteuses et dangereuses.
| Surface | Désinfectants recommandés | À éviter absolument | Raison |
|---|---|---|---|
| Inox (cuisines commerciales) | Peroxyde d’hydrogène, Alcool 70% | Eau de Javel | Corrosion et microfissures |
| Écrans tactiles | Alcool isopropylique 70%, Lingettes douces | Eau de Javel, Ammoniac | Destruction du revêtement oléophobe |
| Plexiglas | Savon doux, Peroxyde dilué | Alcool concentré, Acétone | Opacification et fissures |
| Granit | Savon neutre, Alcool dilué | Acides, Eau de Javel | Érosion du scellant |
| Bois verni | Savon doux, Produits ÉcoLogo | Tous désinfectants agressifs | Détérioration du vernis |
Nébulisation ou manuel : quelle méthode pour désinfecter un autobus ou un vestiaire rapidement ?
Pour les espaces vastes, complexes ou densément meublés comme un autobus, un wagon de métro, un vestiaire ou une salle de cinéma, la désinfection manuelle traditionnelle atteint vite ses limites. Elle est lente, laborieuse et offre une couverture souvent incomplète, omettant des zones difficiles d’accès. Face à ce défi, des technologies comme la nébulisation électrostatique se présentent comme une alternative prometteuse. Cette méthode consiste à pulvériser un brouillard de gouttelettes de désinfectant chargées électrostatiquement. Ces particules sont attirées par les surfaces et s’y déposent de manière uniforme, y compris sur les côtés et le dessous des objets, assurant une couverture à 360 degrés.
L’efficacité est frappante. Des études de Santé Canada montrent que la nébulisation peut couvrir près de 100% des surfaces exposées en une fraction du temps requis par une application manuelle. Cependant, il est crucial de noter une condition non négociable : la nébulisation désinfecte, elle ne nettoie pas. Un nettoyage manuel préalable reste obligatoire pour enlever les salissures visibles (poussière, boue, résidus organiques), car la saleté peut inactiver les désinfectants et empêcher le contact avec la surface.

L’analyse économique est souvent le facteur décisif. L’investissement initial dans un équipement de nébulisation peut sembler élevé, mais le retour sur investissement (ROI) peut être rapide, surtout pour les organisations gérant de grandes flottes ou de vastes installations.
Analyse coût-bénéfice de la désinfection d’une flotte d’autobus scolaires en Ontario
Une commission scolaire de l’Ontario a comparé la nébulisation électrostatique à la méthode manuelle pour sa flotte de 50 autobus. L’équipement de nébulisation a coûté 15 000 $. Cependant, il a réduit le temps de désinfection par véhicule de 45 minutes à seulement 10 minutes. Cette optimisation a permis d’économiser 180 heures de main-d’œuvre par mois, conduisant à un retour sur investissement complet en seulement 6 mois. L’étude a confirmé qu’un nettoyage préalable des souillures demeurait indispensable pour garantir l’efficacité du processus.
Le choix entre la méthode manuelle et la nébulisation n’est donc pas une question de supériorité absolue, mais de contexte. Pour les surfaces planes et accessibles dans un bureau standard, la méthode manuelle reste efficace et économique. Pour un espace complexe où la rapidité et la complétude de la couverture sont critiques, la nébulisation représente une avancée technologique et opérationnelle majeure.
À quelle fréquence décontaminer les zones à haut risque en période de grippe ?
La gestion de l’hygiène passe à un niveau d’urgence supérieur lorsqu’un cas d’infection est confirmé dans vos locaux ou lorsqu’une flambée épidémique, comme la grippe saisonnière, est déclarée dans la communauté. Le protocole de routine n’est plus suffisant. Il faut alors activer un protocole de flambée, une série d’actions rapides et coordonnées visant à contenir la propagation. L’enjeu est double : protéger la santé des autres occupants et assurer la continuité des opérations en limitant l’absentéisme. L’impact économique n’est pas négligeable : les données du Conference Board du Canada de 2024 estiment à 17,2 millions le nombre de jours de travail perdus annuellement au Canada à cause de la grippe, représentant des pertes de 1,5 milliard de dollars pour les entreprises.
Un protocole de flambée efficace est un plan d’action précis, connu de tous et prêt à être déployé à tout moment. Il ne s’improvise pas dans l’urgence. Il doit définir clairement qui fait quoi, et quand. Les étapes clés d’un tel protocole pour les entreprises canadiennes incluent la communication rapide, l’isolement de la zone et une intensification drastique de la désinfection.
La fréquence de décontamination des zones à haut risque devient alors la variable critique. Le passage à une désinfection toutes les deux heures pour les points de contact communs (salles de pause, sanitaires, poignées de portes principales) pendant une période minimale de 72 heures après un cas confirmé est une mesure de base. Cette fréquence élevée vise à briser le cycle de recontamination des surfaces. Le protocole suivant, inspiré des recommandations de l’Agence de la santé publique du Canada, sert de guide pour la mise en place d’une réponse rapide :
- Alerte immédiate : Dès la confirmation d’un cas parmi les employés, une communication claire (mais anonyme pour respecter la vie privée) doit être envoyée à tout le personnel.
- Isolement de la zone : La zone de travail directe de la personne infectée (bureau, poste de travail) doit être isolée dans les deux heures pour une décontamination ciblée.
- Décontamination professionnelle : Il est recommandé de faire intervenir une équipe de décontamination spécialisée et certifiée dans les 24 heures pour traiter la zone isolée.
- Intensification de la fréquence : La fréquence de désinfection de toutes les surfaces à haut contact de l’établissement doit être augmentée à toutes les 2 heures, pour une durée minimale de 72 heures.
- Documentation rigoureuse : Chaque action de nettoyage et de désinfection doit être consignée dans un registre. Cette documentation est essentielle pour la conformité avec les exigences provinciales en matière de Santé et Sécurité au Travail (SST).
Ce niveau de réactivité transforme votre service d’hygiène en une première ligne de défense sanitaire pour votre organisation.
Lumière UV : est-ce une solution d’avenir pour la désinfection sans contact des bureaux ?
Alors que la désinfection chimique reste la norme, de nouvelles technologies sans contact émergent, promettant une efficacité accrue et une réduction de la dépendance aux produits et à la main-d’œuvre. La plus mature de ces technologies est la désinfection par lumière ultraviolette de type C (UV-C). La lumière UV-C, à une longueur d’onde d’environ 254 nanomètres, a un effet germicide puissant : elle endommage l’ADN et l’ARN des micro-organismes, les empêchant de se répliquer et les rendant inoffensifs. Cette méthode est utilisée depuis des décennies pour la stérilisation dans les hôpitaux et les laboratoires.
Aujourd’hui, grâce à la robotique et à l’automatisation, la technologie UV-C devient accessible pour la désinfection de bureaux, de transports en commun ou d’écoles. Des robots autonomes peuvent parcourir les espaces vides pendant la nuit, exposant toutes les surfaces en ligne de mire à une dose calculée de lumière UV-C. L’avantage principal est une désinfection rapide, sans produits chimiques, sans résidus et avec une efficacité de réduction de la charge microbienne souvent supérieure à 99,9%. Toutefois, la technologie a ses limites : la lumière UV-C ne peut pas désinfecter les zones d’ombre et est dangereuse pour l’exposition humaine, ce qui contraint son utilisation à des espaces inoccupés.
Des projets pilotes à grande échelle au Canada, comme celui du métro de Toronto (TTC), démontrent la viabilité et le potentiel économique de cette solution.
Étude de cas : Désinfection UV-C automatisée du métro de Toronto (TTC)
Depuis 2023, la TTC teste un système de désinfection par robots UV-C. Avec un coût initial de 2 millions de dollars pour 10 unités, ces robots parcourent les wagons inoccupés la nuit. Une exposition de 15 minutes à la lumière UV-C de 254 nm permet d’obtenir une réduction de 99,9% de la charge microbienne sur toutes les surfaces exposées, sans aucun produit chimique. Le retour sur investissement est estimé à 3 ans, grâce aux économies réalisées sur les produits désinfectants et la main-d’œuvre.
L’avenir pourrait résider dans une technologie encore plus avancée : la lumière Far-UVC. À une longueur d’onde plus courte (environ 222 nm), elle serait capable d’inactiver les pathogènes sans pénétrer la peau ou les yeux humains, permettant une désinfection continue des espaces publics occupés. Des experts comme le Dr David Brennan de l’Université de Toronto estiment que cette technologie pourrait révolutionner la sécurité sanitaire des lieux à haute densité comme les aéroports de Toronto (YYZ) ou Montréal (YUL), bien qu’elle attende encore l’approbation finale de Santé Canada pour une utilisation en présence humaine.
À retenir
- La stratégie de désinfection la plus efficace suit le principe 80/20 : identifier et se concentrer sur les 20% de surfaces à plus haut risque de contact.
- Le respect scrupuleux du temps de contact (dwell time) indiqué sur l’étiquette d’un désinfectant est une condition non négociable de son efficacité.
- Au Canada, un désinfectant doit posséder un numéro d’identification de médicament (DIN) valide pour garantir son efficacité virucide contre des pathogènes comme la grippe ou la COVID-19.
Comment distinguer un nettoyant d’un désinfectant virucide approuvé pour la COVID ou la grippe ?
C’est le point de contrôle final et le plus critique de toute votre stratégie de désinfection : la validation de vos outils. Utiliser un produit inefficace est pire que de ne rien utiliser, car cela crée un faux sentiment de sécurité. Il est impératif de comprendre la différence fondamentale entre un nettoyant, un assainisseur et un désinfectant. Un nettoyant enlève la saleté. Un assainisseur réduit le nombre de bactéries. Seul un désinfectant est conçu pour tuer un large spectre de micro-organismes, y compris les virus.
Au Canada, la distinction est réglementée par Santé Canada. Pour qu’un produit puisse légalement prétendre tuer des virus comme celui de la grippe ou la COVID-19, il doit avoir été soumis à des tests d’efficacité rigoureux et avoir obtenu un Numéro d’Identification de Médicament (DIN). Ce numéro à huit chiffres, qui doit obligatoirement figurer sur l’étiquette du produit, est votre unique garantie que le produit fait ce qu’il prétend faire. Sans DIN, un produit est, au mieux, un simple nettoyant aux yeux de la loi et de la science.
Le marché est malheureusement inondé de produits aux allégations trompeuses. Une inspection menée par Santé Canada a révélé que près de 35% des produits vendus comme ‘désinfectants’ au Canada n’ont pas de DIN valide et ne peuvent donc pas légalement garantir une action virucide. Se fier à des termes marketing comme « naturel », « puissant » ou « antibactérien » sans vérifier le DIN est une erreur professionnelle grave.
La vérification est simple et rapide. Elle devrait faire partie intégrante de votre processus d’approvisionnement et être une compétence de base pour vos équipes. Voici la procédure officielle pour valider un produit :
- Localiser le DIN : Repérez le numéro à huit chiffres sur l’étiquette du produit. Il est généralement précédé de la mention « DIN ».
- Accéder à la base de données : Rendez-vous sur la base de données en ligne des produits pharmaceutiques de Santé Canada.
- Rechercher le numéro : Entrez le numéro DIN complet dans la barre de recherche du portail.
- Vérifier l’homologation : Le résultat de la recherche doit confirmer que le produit est bien homologué comme « désinfectant » et que ses allégations incluent une efficacité contre les virus (souvent listé comme efficace contre les « virus enveloppés » pour la grippe et la COVID-19).
- Confirmer la validité : Assurez-vous que le statut de l’homologation est « approuvé » et que la date d’expiration n’est pas dépassée.
Passez de la réaction à la prévention. Commencez dès aujourd’hui l’audit de vos points de contact critiques pour bâtir un protocole de désinfection qui protège réellement vos occupants et votre organisation.